La société de secours mutuel
Cette association
est la plus ancienne de notre commune puisqu’elle naît dans la seconde moitié
du XIXème siècle dans un contexte historique où les transformations économiques
amènent à se préoccuper de la question sociale. Déjà en 1855, la
municipalité de Sainte-Eulalie avait demandé au préfet l’autorisation de créer
un Bureau de Bienfaisance pour aider les personnes démunies et en 1860, elle
appuie la création d’une Société de Secours Mutuel locale. Présentes au niveau
national avec des antennes locales, les Sociétés de Secours Mutuels visent à
protéger leurs adhérents contre un certain nombre de risques qui seront
couverts cent ans plus tard par la Sécurité Sociale.
Rappelons
qu’au milieu du XIXème siècle, seuls les indigents reçoivent une aide
communale et seuls les plus riches, bourgeois et aristocrates,
ont les moyens de faire appel au médecin ou au pharmacien, ou encore de vivre
de leurs rentes lorsqu’ils sont trop âgés pour travailler. Les pensions de
retraite n’existent pas, les allocations familiales non plus, encore
moins les allocations pour perte d’emploi ! Dans ce contexte, être
longtemps apte au travail pour pouvoir manger à sa faim et se loger, avoir des
enfants qui voudront bien servir de soutien quand ce ne sera plus le cas, est
nécessaire. La solidarité n’est pas nationale mais s’exprime alors dans le
cadre familial.
Les sociétés
de secours mutuel visent à étendre cette solidarité à la communauté villageoise
par des cotisations volontaires des chefs de famille qui donnent droit à des
indemnités lors de la réalisation de certains risques (pension de retraite
pour les actifs trop âgés pour travailler, prise en charge des frais
d’enterrement et aide financière à la veuve des cotisants, soutien moral en cas
de difficulté). Elles fonctionnent selon le principe de l’assurance mais
aussi sur celui de la solidarité au niveau de la commune puisque chaque section
gère seule ses comptes (définition du montant des cotisations et des
prestations versées selon les ressources de la société communale). Il faut
souligner aussi qu’elles jouent un rôle fondamental dans l’animation de la vie
communale par l’organisation de festivités et qu’elles favorisent le lien social et l’intégration de tous
(règlement très strict, obligations mutuelles des membres...)
L’association
de Sainte-Eulalie semble avoir connu très rapidement un essor important
puisqu’en 1890 elle comprend 95 membres pour une population locale d’environ
700 personnes. Sachant que seuls les hommes actifs cotisent, on en déduit que
la grande majorité de la population communale, composée alors de petits
agriculteurs, fermiers et artisans, est concernée par cette société. En 1900,
trois hommes perçoivent une pension de retraite versée par la Société, ce qui correspond
alors à 32 actifs cotisant pour un retraité. Des chiffres qui font rêver
aujourd’hui, mais il faut savoir que ces sociétés s’efforcent toujours
d’équilibrer leur compte en ajustant recettes et dépenses sans recours à
l’emprunt. Les pensions de retraite ne sont donc attribuées que si le
nombre de cotisants permettant de les financer est suffisant. Sinon, il faut
attendre son tour.
En 1926, les Sociétés de
Secours Mutuel du département décident de financer l’édification d’une clinique
mutualiste pour leurs membres ; c’est la construction du Pavillon de la Mutualité à Pessac. Cependant
la loi sur les assurances sociales du 5 avril 1929 autorisant les employeurs
à prélever 5 % du salaire brut des
travailleurs pour financer la protection sociale, et, en 1945, la mise en place
de la Sécurité sociale remettent en question l’esprit des sociétés de secours mutuel en
étendant la solidarité au niveau national.
C’est un rude coup pour
les Sociétés de Secours Mutuel qui sont désormais concurrencées par un système
national institutionnalisé par l’Etat, plus attractif par les moyens dont il
dispose, mais dont la gestion échappe aux principaux intéressés. Ces sociétés
doivent donc accepter une modification de statut qui en fait des mutuelles
complémentaires. Toutefois, ces changements témoignent aussi qu’elles ont été
les instigatrices de ce nouveau système de protection sociale en ouvrant par
leurs actions une voie solidaire pour protéger les populations. Leur déclin est
la rançon de leur succès.
A
Sainte-Eulalie, la situation devient réellement critique à partir des années 1970
avec un effondrement des effectifs, un vieillissement inéluctable des
sociétaires et, fait symbolique dans le cadre d’une Société très masculine,
l’obligation d’accepter une femme comme trésorière, Henriette Naud,
devant les difficultés pour renouveler le bureau de l’association. En 1990, il
ne reste plus qu’une dizaine de membres qui s’efforcent de maintenir les
traditions et la mémoire de la
Société de Secours Mutuel de Sainte-Eulalie qui s’éclipse
avec la fin du XXème siècle.
Cent quarante
de vie et de présence dans une commune, ce n’est déjà pas si mal pour une
association. Bravo à la Société de Secours Mutuels de Sainte-Eulalie !
Auteur : Muriel Dagens
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1922 : la " Société des fêtes de Sainte-Eulalie " est créée.
L’actuel
Comité des fêtes de Sainte-Eulalie dont les principales activités sont
l’organisation des fêtes locales de la Pentecôte et de
la Cagouillade au mois de septembre a une existence relativement récente puisque sa création
date des années 1980. Pourtant la fête foraine et son feu d’artifice sont déjà
mentionnés dans les délibérations municipales du siècle dernier. Qui organisait
alors et finançait ces manifestations ? C’est en nous posant ce genre de
questions et en compulsant les différentes archives municipales et
départementales que nous avons trouvé quelques éléments de réponse.
Le 14 janvier
1922 s’est constituée devant Maître Ducos, notaire à Ambarès, la « société
des fêtes de Sainte-Eulalie », l’ancêtre lointain de l’actuel comité des
fêtes. Il s’agit là de la naissance d’une société civile privée fondée par
sept habitants de la commune, certainement de bons camarades pour oser s’engager
dans une telle démarche. Ils répondent en cela à une suggestion faite en 1921
par le Conseil Municipal de Sainte-Eulalie qui proposait aux jeunes de former
un comité pour organiser la fête locale. Jusqu’alors, la fête de Pentecôte
était prise en charge financièrement par
la municipalité mais principalement animée par un groupe informel de bénévoles.
La création de cette
société des fêtes répond à plusieurs besoins : celui d’avoir une structure
indépendante mais officielle qui s’occupe de l’organisation de la fête locale
mais aussi celui de mettre à la
disposition des associations ou des particuliers un local susceptible d’être
utilisé comme salle de réunion ou pour organiser des festivités (la commune ne
possédait alors aucun local disponible pour cela) tout au long de l’année.
Nos sept
associés, sans doute après longues discussions, passent contrat devant notaire,
donnant le jour à cette société des fêtes
pour une durée de 18 ans. Les buts de la société sont de louer un
terrain situé en face de la mairie (appartenant à M. Massé), d’y
construire un bâtiment en bois pouvant « servir de salle de danse, de
banquet et de réunion ainsi que de concert et cinéma » et de l’exploiter
pour organiser des fêtes et réunions ou encore pour la louer. Le capital social
de départ s’élève à 12 078 francs par apport équivalent des sept fondateurs
lesquels s’engagent à rajouter des fonds si nécessaire. Les bénéfices que
pourraient faire la société seront partagés entre les membres. La société
achète donc un ancien bâtiment construit par les troupes militaires américaines
basées à Lormont et Bassens pendant la Première guerre mondiale, le remonte à
Sainte-Eulalie où il est décrit comme « un immeuble en planches, couvert
d’ardoises Everite et de carton bitumé » (photo ci-contre, 1961). Un garage à bicyclettes et une
salle de rafraîchissement complètent le local meublé d’un comptoir, tables,
chaises et bancs, d’une estrade sur tréteaux, de verres et d’un éclairage à
acétylène.
La
municipalité utilise dès lors fréquemment ce
bâtiment pour ses festivités (versement d’une indemnité de 200 francs
par an) et subventionne aussi les manifestations organisées par le dit « comité de la salle des fêtes »,
notamment les cavalcades du dimanche gras. Ainsi en février 1924, le conseil
municipal accorde-t-il une allocation de 150 francs, dont 50 francs pour le
char du comité et 100 francs de récompenses aux chars ayant participé au
défilé. L’organisation proprement dite des fêtes est prise en charge par le « groupe de la
jeunesse de Sainte-Eulalie » appartenant à l’association des fêtes.
Le 16 février
1930 , la municipalité décide d’acheter ce local déclaré d’utilité
publique pour se doter d’une salle des
fêtes et de réunion municipale. L’acte de vente est passé le 27 septembre 1930
devant Maître Martineau au prix de 10 000 francs pour le local et son contenu
payable sur 3 ans sans intérêt. Les sept associés poursuivront désormais leurs
activités au sein d’un nouvelle association communale nommée « Jeunesse de
Sainte-Eulalie ». Par la création de cette société des fêtes de Sainte-Eulalie,
ils ont ouvert la voie à l’institutionnalisation de l’organisation de
manifestations à Sainte-Eulalie et assuré l’animation communale.
Auteur : Muriel Dagens
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La Jeunesse sportive de
Sainte-Eulalie
Quatrième association
née dans notre commune, la "Jeunesse de Sainte-Eulalie" fut officiellement
déclarée société d'éducation populaire le 10 janvier 1930 par Monsieur Touignan,
instituteur de l'école des garçons et premier président. Celle-ci se donnait deux
buts principaux : l'organisation de cours gratuits de diction, déclamation et chant,
et celle des fêtes communales. Mais, la "Jeunesse" a toujours animé des
activités sportives pour les jeunes du village. En 1944 sont mentionnés le football,
l'athlétisme, le basket et même la natation. Après guerre, les activités théâtrales
sont abandonnées, confirmant ainsi la vocation de l'association à se focaliser
sur les activités sportives. Elle devient alors en 1967, la "Jeunesse Sportive
de Sainte-Eulalie", notre actuelle JSSE.
Pendant la période
de la Seconde guerre mondiale, les largesses d'une personnalité controversée à la Libération ont doté l'association
d'une salle de sports et d'un stade.
Les années 1960
ont été des périodes d'intense activité : plusieurs bals et excursions (photo ci-contre à Gourette en 1964) sont organisés
chaque année par les nombreux membres. Le début des années
1970 fut plus difficile : problèmes de trésorerie et surtout manque d'implication.
Mais la fin des années 1970 marque un nouvel essor pour la JSSE car l'afflux de population
lié à l'urbanisation de la commune et le développement des loisirs ont amené de
nouveaux besoins entraînant la multiplication des sections et la diversification
des activités pratiquées. Gymnastique volontaire et ping-pong en 1971, cyclotourisme
en 1977, judo en 1979, yoga en 1981, culturisme et basket en 1982, tennis en 1985
... En 1986, la JSSE adhère au Comité départemental des clubs omnisports.
La longévité de
l'association témoigne de la fidélité de ses membres et de l'importance de ses activités.
Nous souhaitons pouvoir fêter son centenaire.
Auteur : Muriel Dagens
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